5 avril 2010 (ARGENTINE)

San Ignacio, restes d’une mission jésuite …

30-31 mars 2010 / 30°C et taux d’humidité à peine inférieur à celui d’Iguazu …

L’avantage d’avoir pris l’avion entre Buenos Aires et Iguazu, c’est qu’on a gagné 24h sur notre séjour. Bilan, on peut se permettre une halte à San Ignacio, une des 30 missions créées par les jésuites au XVIIème siècle.

4h pour parcourir les 250km. Nous voilà partis pour une matinée de bus et 2 bonnes prises de bec avec le chauffeur au sujet des films programmés pour nous occuper pendant le trajet. Après 2 films pour adultes stupides, apparaît un film d’horreur ! Victoire met son ipod sur les oreilles, nous cachons Eugénie sous les sièges mais au bout de 20′, je craque devant ces monstruosités et monte au créneau. Après de longues discussions et argumentations en espagnol, svp, je remporte le match. Ouf, Eugénie et Victoire peuvent reprendre un voyage normal.

San Ignacio nous accueille dans un paysage complètement différent de ceux de la Patagonie : la terre rouge contraste avec la végétation luxuriante. C’est splendide ! Petites et grosses maisons se mêlent. On retrouve comme dans chaque ville la rue principale baptisée San Martin non pas par foi mais en hommage au général San Martin qui a été un acteur très important lors de l’indépendance de l’Argentine.

Nous filons nous installer à l’auberge et piquer une tête dans la piscine. Ca va nous aider à supporter la chaleur ! Et oh surprise, du Cabrel passe en boucle dans la salle commune. Le patron est un fan de musique française ! On aura droit à toute la série des chanteurs français indépendants, de Noir désir à Raphaël en passant par Léo Ferret. Original !

Après un bon après-midi à se prélasser, il est temps de faire un bain de culture. La mission de San Ignacio est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Ses ruines sont plutôt bien conservées et nous découvrons cet ancien village qui avait accueilli jusqu’à 4500 personnes.

La structure des missions est toujours la même : une grande place avec l’église avec le cloître, les bâtiments des jésuites, la bibliothèque et le cimentière d’un côté et les maisons des villageois toutes identiques, alignées sur les 3 autres côtés.

la place centrale

l'intérieur d'une maison

l'intérieur de l'église

le cloître

Alors un peu d’histoire …

En 1609, le Roi d’Espagne décrète que les Indiens doivent être aussi libres que les Espagnols et autorisent les jésuites à les prendre sous leur coupe pour les libérer du jouc des colons. Il encourage l’évangélisation par la persuasion plutôt que par la force. (Bonne nouvelle, il n’y a pas eu que des bourreaux et des conquistadores cruels et destructeurs …)

De là, les jésuites créent un système social très original pour l’époque : un principe de communauté très utopique. Les chefs sont élus chaque 1er janvier, la peine de mort est abolie, la formation professionnelle est mise en place, les journées de travail durent 6h. Tout se partage, s’échange et s’autogère : l’élevage et l’agriculture sont collectifs et la production est équitablement répartie. Le temps libre est consacré aux prières, musique, danse … Ecole et hôpitaux sont gratuits, les veuves ont un logement … Bilan, les indiens guaranis sont les 1ers au monde à être une société 100% alphabétisée. Cette organisation utopique tiendra 150 ans.
Au total, 30 missions réparties entre le Brésil, le Paraguay et l’Argentine seront créées et accueilleront jusqu’à 140.000 villageois.

Mais les rois changent et en 1759, Fernand VI cède une partie des missions au Portugal dont le 1er ministre est l’ennemi des jésuites. Ces derniers sont expulsés, les indiens sont chassés et après des mois de guérillas, il ne restera que 45000 guaranis, soit 1/3 de leur population.

Pour en savoir + :

http://www.jesuites.com/histoire/baroque/index.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mission_j%C3%A9suite_du_Paraguay


Nous déambulons au milieu de ces ruines chargées d’une histoire étonnante. Traces de vie d’une communauté aux règles « révolutionnaires » pour l’époque. Fascinant de voir de quoi est capable l’Homme en quelques années tant pour construire que pour détruire …

et au milieu de tout ça, un cactus géant

La chaleur écrasante met fin rapidement à la visite et nous replonge dans la réalité du XXIè S. Nous attendons le bus pour Buenos Aires en admirant le crépuscule.

1 commentaire

de Xtof
Posté le 06/04/2010 à 0 h 43 min

Le WE de Pâques chez les jésuites …bien ouéj !!
Une question : avez vous eu un film de boule pour le retour en bus ?

Laisser un commentaire...

Votre nom : (obligatoire)
Votre email : (obligatoire - non publié)


Votre commentaire :

Envoyer